J’ai commencé à rédiger pour Le Magazine le papier sur Sympathie pour le fantôme, de Michaël Ferrier que Joseph m’avait commandé. Je me suis senti sans cesse tiraillé, partagé, dans ce livre. Je l’ai lu encore, et relu, et à nouveau. Le texte sans arrêt s’échappait. Je ne parvenais pas à me le rassembler dans une lecture évidente. J’alternais des moments d’irritation et des embellies vraies. Un drôle de propos, déjà. Vu de Tokyo, le narrateur de ce roman fait un constat décalé : Plus personne ne sait comment se souvenir ou comment oublier, plus personne ne sait comment être français et, sous le prétexte d’une émission de TV, d’un colloque universitaire, il s’en va aborder, par les marges, ce qu’on cherche à appeler « l’identité française ». J’ai beau m’énerver sur des envolées méprisantes et cyniques, sur des pages de bon élève… il se passe malgré tout quelque chose. A la fin de la journée, j’étais toujours aussi mal à l’aise et hésitant.