Mal dormi. Nous avions reçu un message de Nathalie hier soir, tard. Georgette a été hospitalisée à Granville. Elle se plaignait de vertiges. Ca tournait. Nathalie se voulait rassurante. On doit juste lui faire des examens. Je vous tiens au courant. Je n’ai pas osé appeler dans la matinée. Relu les livres pour Jeux d’Epreuves… Je présentais Volontaires pour l’usine de Virginie Linhart, au Seuil. Une chronologie, une chronique, des témoignages, sur les « établis ». Ils ont été assez nombreux, entre 1967 et le milieu des années 1970, à faire le choix de quitter leur famille, le lycée ou l’université, pour partager le quotidien des ouvriers et tenter de diffuser les idées révolutionnaires dans les usines. Il s’agit d’une réédition de 1994. Virginie Linhart, la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement prochinois en France, avait publié en 2008 Le jour où mon père s’est tu. Il y a dans ces deux textes l’expression très sincère et très troublante d’une réconciliation avec une époque, l’époque de son enfance entre ses deux parents militants. L'époque de sa propre incompréhension et de sa propre révolte. C’est ce qui m’a, à chaque fois, touché, indépendamment de l’approche sérieuse, documentée. Historique… Qu’il est étrange de penser en effet que cela s’appelle aujourd’hui de l’Histoire. J’avais seize ans, tout emporté de maoïsme romantique. J’achetais La cause du peuple au kiosque de la gare de Senlis. Je lisais en marchant. Je me souviens des titres : Vive le peuple. Nous sommes des ouvriers en colère, pas des voyous. Le lait déborde, nous aussi… J’ai retrouvé Amélie à La petite Bretagne avant de prendre le train à Montparnasse. Des nouvelles de Georgette : rien d’ennuyeux apparemment. Elle devrait sortir bientôt.