Nous avons déballé les affaires et déjeuné vite fait rue Danville. Je faisais en début d’après-midi, dans le cadre du festival Paris en toutes lettres, une lecture « itinérante » de Montée des cendres au Père Lachaise. J’ai été étonné par le monde. Il y avait bien là une cinquantaine de personnes qui attendaient programme en main. Retrouvé là-bas Nathalie, du Comptoir des mots. Nicole, bien sûr. Et Amir qui, la veille, s’était lancé, lui, dans un véritable marathon poétique depuis les éditions Caractères jusqu’au « 104 », rue d’Aubervilliers en passant par les arènes de Lutèce, le quai de la Tournelle et le parvis de Notre-Dame. Laurence était venue aussi, attentive et discrète. Aperçu Julia… On y va. J’ai entraîné tous ces gens à ma suite, en lisant, jusqu’à la tombe de La Harpe au bosquet Delille, remontant l’avenue principale, grimpant le raidillon qui mène à la 11e division. Des plantes de sous-bois/ et des dalles/ et des stèles/ des colonnes affaissées/ toutes blotties auprès de la masse calcaire/ au lent mouvement du terrain gras. Drôle d’exercice déclamatoire. Nous avons fini le poème dans une dernière halte aux jardins du colombarium. Il était temps. J’étais bouleversé. Sans plus de voix. Nous ne nous sommes pas quittés tout de suite. Nathalie offrait gentiment un verre dans sa librairie, rue des Pyrenées. J’ai signé quelques livres. Discuté, comme j’ai pu, avec les uns et les autres. Avec Anne-Marie que je n’avais pas revue depuis mon départ d’Epok en décembre 2006. Avec Eric Rondepierre qui se souvenait qu’en juin 2008, j’avais défendu (contre tous…) à Jeux d’épreuves son livre Placement. Nous avons fait un bout de chemin en descendant l’avenue Gambetta pour raccompagner Laurence jusque chez elle. Laissé Nathalie à peine plus loin, à deux pas de sa rue. Amélie m’a demandé : On retourne au cimetière ? Je n’osais pas lui demander. Nous avons à nouveau, tous les deux, pris le chemin de la sépulture de Jean-François de la Harpe. Elle m’y avait accompagné déjà, avec d’autres, un jour de février 2003, quand j’avais imaginé d’aller déposer là une couronne pour le deux centième anniversaire de sa disparition. Quel pacte, sans le savoir, avons-nous échangé alors ? Comment aurions-nous pu oser penser à ce qui nous lierait ensemble, plus tard… Nous étions invités chez Marianne près du boulevard de Belleville. Dîner avec Don, Anne-Gaëlle et Laurent. La soirée bouclait le temps. En février 2003, Marianne était du pèlerinage, de cette première Montée des cendres