Je suis parti en avance pour l’enregistrement de Jeux d’Epreuves. Descendu du métro à la station Passy. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas marché par ici. J’avais le souvenir d’un grand terrain vague au bout de la rue Dickens. Tout a été construit. J’ai quand même retrouvé la rue Berton. En contrebas de la rue Raynouard, elle s’ouvre en venelle contre l’ambassade de Turquie dont elle suit le mur d’enceinte. L’ambassade, autrefois hôtel de Lamballe, propriété de la malheureuse princesse massacrée le 3 septembre 1792 est devenu dans les années 1820 la clinique du docteur Blanche. Nerval a séjourné là. Maupassant y est mort. Un peu plus loin dans la rue, se trouve la seconde entrée de la maison de Balzac. Pavés, bornes, lanternes… Rarement un passant. On ne croise que des fantômes. Sur quelques mètres, cette étroite rue Berton est sans doute le seul endroit de Paris qui a échappé au temps. A Jeux d’Epreuves, je défendais Le don de Vorace de Felix Francisco Casanova. Un hallucinant roman métaphorique sur l’immortalité en littérature, écrit par un jeune homme de dix-sept ans, deux ans avant sa disparition en 1976. J’ai filé boucler notre valise avant de rejoindre Amélie gare Montparnasse. Arrivée sous la pluie à Granville. Très en retard. Le train était resté bloqué plus d’une heure et demie à Versailles.