J’avais un débat avec Régine Detambel à Ranville près de Caen. La rencontre, organisée par la bibliothèque se tenait dans la salle des fêtes. Nous avons bavardé devant une trentaine de personnes. Un public attentif et acquis. Ce qu’écrit Régine Detambel me bouleverse. A un point tel que je me perds en angoisses à chaque fois que je dois animer une recontre avec elle ou écrire un papier sur un de ses livres. J’ai toujours le sentiment d’être en deçà. Une comédienne a lu les extraits que j’avais choisis. Et notamment quelques lignes du début de La patience sauvage. Les arbres étaient pour la plupart des chênes et quand je venais, pour les vacances, en juillet, leur écorce était toujours grasse de lessive. Leur tronc moussait. A peine arrivée, je voulais toujours laver les arbres. Racines à nu, racines à neuf. Difficile de lui faire creuser son terreau littéraire. Mais cela sert-il à quelque chose ? Elle publie deux livres en avril, chez Gallimard et au Mercure. 50 histoires fraîches, une succession de textes courts et un roman, Sur l’aile. De ce dernier, elle a juste dit qu’il s’agissait d’un roman sur la colombophilie... Cette pudeur qu’elle a ne de pas laisser apparaître la trame. Il s’agit plutôt de l’histoire d’un désespoir ailé. Ranville a été, en 1944, le premier village de France libéré. Pegasus bridge, Sword beach. Les sites du débarquement sont tout proches. J’ai pensé à Leo qui avait tant envie, la semaine dernière, d’aller les visiter…