J’ai retrouvé mes notes de décembre sur Sylvie Germain. Impossible de m’en servir ce soir. J’ai dû tout reprendre, tout recommencer. A Beaubourg, la salle de la BPI était pleine. Le débat s’est bien passé. C’est le dernier que fais ici, après Véronique Bergen, Alberto Ruy-Sanchez, Catherine Cusset… Nous avons eu le temps de parler un peu du poète tchèque Boshuslav Reyneck, disparu en 1971, à qui elle a consacré un magnifique essai biographique (Bohuslav Reynek à Petrkov : un nomade en sa demeure. Christian Pirot. 1998) J’ai lu un des poèmes de son recueil Le serpent sur la neige, traduit en France en 1997 par Xavier Galmiche, et dont elle a aussi rédigé la préface. Neige, neige, neige. Soir, le soleil se couche. Grands fûts branches nues - les petits épicéas en file sous la neige, simples cônes clairs comme des seins. L'hiver est une louve blanche et hirsute aux pattes noires, couchée - Déesse de lascive fécondité. Elle dresse les pattes (les branches des arbres sont aiguisées comme des griffes) et le soleil pourpre, c'est la langue dans sa gueule ouverte, luisante de sang. Les nuages chiots gris, se baissent et sucent les mamelles, innombrables et gonflées, de la bête sauvage. La louve - yeux de braise et dents de glace transparente. Sa beauté dépasse l'entendement, elle est couchée à l'entrée de la Crèche de Noël et fait hurler la terrible et parfaite flûte de la faim pour accompagner le psaume des Anges sur la vallée... Fait hurler la musique de la chute et du péché pour accompagner le chant souverain de la paix. Nous sommes partis juste après la rencontre. Nous devions dîner rue Saint-Martin avec Sylvie Germain, Joëlle et Bernard. Mais je me lève tôt demain. Je rentre à Carolles, pour travailler. Nous avons marché un peu. J’étais énervé toute de cette journée volée au livre. Il me reste tellement peu de jours...