J’ai acheté la 4L de Sandrine, la petite-fille de Mme Bassard. Une affaire. Enfin, je ne sais pas. Qu’est-ce que je vais faire de cette voiture qui a bien 200 000 kms ? Mais j’en avais envie. Elle est bleu gendarmerie. C’est d'ailleurs une ancienne voiture de gendarme. Il faudra la repeindre. Maman en avait eu quatre ou cinq en vingt ans. 974 JW 60, la première, bleu pâle... Puis, 207 NA 60, toute blanche... Les autres, je ne sais plus. J’avais grandi, je crois. Avec cette auto, je me paie aujourd’hui comme un retour d’enfance. Les souvenirs sont revenus d’un coup. L’odeur dans l’habitacle : la même qu’autrefois. Curieux quand même cette marque de fabrique. La 4L qui emmenait Amélie à l’école en Afrique sentait pareil aussi. Vieux caoutchouc. Vieux skaï. Ca tient à pas grand chose. J’ai fini le portrait de Céline Lis. Avancé dans quelques papiers. Pas touché à mon livre. Ou si peu. J'ai écrit quatre lignes. Je reprends. Je gribouille. Au revoir à Georgette. Nous lui avons laissé des saint-jacques, du gratin de poireaux. Nous étions invités au soir à boire un verre chez M. et Mme Simon, nos voisins du bout du chemin. Feu dans la cheminée. Porto et whisky. Il y avait là leur fille Claire, son mari, Jean-Charles. Des gens très simples, gais, charmants. Je crois qu’on les a ennuyés avec nos bavardages sur les prix littéraires.