Deux mois déjà que le marchand de journaux, près du métro, a fermé. Une boutique idiote de pashminas, à la devanture peinte en rose fuschia, s’est installée à la place. Du coup, nous achetons la presse un peu n’importe où. Ce matin, j’ai trouvé un kiosque ouvert près du métro aérien. J’ai épluché les quotidiens pour le questionnaire d’actualité des étudiants. Découpé des articles pour mon cours de demain sur la titraille. Rassemblé quelques notes… Avec un peu de retard, la « lettre ouverte » à Frédéric Mitterrand sur le statut des auteurs que nous avons rédigée, Laurence, Renaud et moi, va finalement être mise en ligne sur le site de Livres Hebdo. Des extraits sont déjà parus vendredi dernier. Elle sera publiée intégralement dans Marianne samedi. Nous nous sommes retrouvés tous les trois en fin d’après-midi dans un café près du conservatoire des Arts et métiers pour préparer la suite. C’est Renaud qui est à l’origine de tout cela. Moi, je n’ai fait qu’agréger ma colère consécutive à la prise de position en mai lors d’une journée de colloque à Lyon d’un responsable de la Société des gens de lettres qui disait : Si vous voulez avoir une création littéraire riche et durable, ayez un métier à côté et écrivez pour votre plaisir. Tu parles… Quand j’ai rencontré Laurence, nous avons très vite parlé de cette précarité qui fait notre quotidien. J’ai bien peur que ce soit cela le dénominateur commun des auteurs… Laurence est partie retrouver ses filles, j’ai pris le métro avec Renaud jusque chez lui. Il nous avait invité à dîner Amélie et moi. Soirée avec Marie, sa femme, que j’avais entrevue au festival de Chambéry en 2004 et leur fille Norma, deux ans. Une blondinette étonnamment peu farouche qui s’est jetée tout de suite dans les bras d’Amélie. La petite qui avait attrapé une grosse rhinopharyngite à la crèche a tenu avec nous autant qu’elle a pu, puis s’est effondrée en pleurs, de fatigue et de fièvre.