Amélie est partie au marché, je me suis mis au travail. Un panorama rapide des prix littéraires, et quelques brèves, à rendre au Pèlerin avant de commencer à décrypter mes bandes pour le portrait de Richard Price qui doit paraître dans Le Monde jeudi prochain. Price, j’ai dû le rencontrer vers le 10 juin. J’avoue, j’avais un peu oublié le livre et l’entretien. Perdu mes notes aussi. Sur l’insistance d’Amélie, j’avais embarqué à l’époque un petit enregistreur. C’est ce qui m’a sauvé. Je m’étais replongé dans Souvenez-vous de moi pendant la semaine. C’est un roman sombre construit et vendu dans un emballage de thriller. Et sacrément bien emballé. Une intrigue, une enquête, des dialogues : tout cela pour parler, au fond, de la mémoire et du temps et des quartiers des villes. Des sédiments, des strates qui s’y déposent avec le passé des gens. Vestiges, fantômes. L’auteur est du genre taciturne. Pire, même. Je me souviens qu’il n’avait pas décroché un sourire pendant l’entretien. Un Buster Keaton de soixante ans... A la fin, après qu’il avait fait quelques photos, j’étais allé lui dire au revoir. It was a great interview, m’avait-il dit, encore un peu plus monocorde. Nous avions invité Jean-Luc Lefrançois à dîner. Soirée calme et amicale. Il revenait, pour son émission de radio Au cœur de la vie sur Tendance Ouest, d’une interview avec Maxime Leforestier. Déçu. Le chanteur ne lui a pas dit grand chose. Il m’a laissé à peine un quart d’heure... N’empêche, il aimerait bien écrire un livre avec toutes ses rencontres. La plus belle ? Celle avec Michel Serrault, quelques semaines avant la mort du comédien. Là, j’ai des heures d’enregistrement.