Arrivés tard, hier, avec le sentiment d'être partis longtemps. Réveillés tard, ce matin, avec l'impression de n'avoir jamais quitté la maison. C'était les élections européennes. Nous avons salué Philippe au bureau de vote. Un tour chez Georgette. Elle est vraiment très fatiguée. Elle ne mange plus. Rien ne passe. Elle a des vertiges. Ca fait tout trouble quelquefois. Je ne sais pas comment répondre à ses inquiétudes. A sa lassitude. Quels mots dire simplement ? Mes souvenirs avec elle ne sont que de l'enfance. C'est de moi que je parle lorsque je les évoque. Elle aurait besoin, je crois, d'une grande bouffée de jeunesse. De la sienne. Je ne connais rien de ce qui lui a fait battre le coeur. De ses rires. De ses bonheurs. A quoi pense-t-elle, le soir en couchant ses douleurs, ses faiblesses ? A la maison de la rue Pujet ? A celle de la rue d'Avelghem ? A toutes ses adresses, Cordonnier, Linné, Potennerie. Des morceaux de Roubaix. A ses jardins ? A ses soeurs, à ses frères ? A ses amours discrètes ? On revient tout à l'heure... Je me suis souvenu de cette phrase des Rêveries de Rousseau : Tout ce qui m'est extérieur m'est étranger désormais. Nous avons lu, rangé, fait une promenade dans les chemins ravinés des pluies récentes, envahis d'herbe, le long de la falaise. Nous avons cueilli des ombelles de sureau que j'ai mis en bouquet. Nous sommes allés à nouveau chez Georgette. Je vous attendais pour me coucher. Elle était aller voter dans l'après-midi. Elle avait pris un bouillon. Je vais bien, je vous assure.