Trois gouttes de crachin au réveil. Juste pour respecter l'adage sur les mariages pluvieux. Cela a été une très belle journée. Beaucoup de monde nous attendait à la mairie. La famille, les amis, les voisins, les gens du village. Amélie était magnifique, les cheveux relevés en chignon, toute en rouge, toute émue. Philippe a fait un discours débordant de gentillesse où il était question de mon grand-père, de mon père, de ma mère, de nous deux à Carolles, de livres et de bord de mer... Nous nous sommes échangé les alliances. Les témoins ont signé. Pour Amélie, ses deux frères. Pour moi, Pascale et Christine. Je dois à Pascale d'avoir publié mes textes. A Christine d'écrire dans Le Monde. Nous sommes mariés. Voilà. Il fallait que ça se fasse. Grâce à Amélie, je renoue avec une vie que je croyais perdue. Ce moment de passage des lisières de l'enfance. Comment est-elle venue me chercher là ? J'en suis chaque jour émerveillé. Avec elle, je ne change pas d'existence, je donne juste un futur à mon passé. Nous sommes rentrés à la maison. Nathalie qui était venue avec sa fille depuis le matin avait tout installé. Dressé les tables dans le jardin avec des nappes blanches, mis en place le buffet préparé par Jean-Claude Bisson, les huîtres, les jambons, les cochonnailles. On nous avait fait porter des fleurs de partout. J'ai débouché la première bouteille de champagne. Elle a été suivie de beaucoup, beaucoup, d'autres. Je crois que tous étaient contents. Ca riait, racontait des histoires. Les enfants jouaient. Georgette, infatigable, passait de groupe en groupe. il faudrait écrire dans le désordre joyeux de ce jour-là, la litanie des noms de chacun. Oui, Georgette... Et Claire et Emmanuel, Marie, Noëlle, Pierre, Nelly et Charles, Philippe et Joêle, Marcus, Camille, Christine, Pascale, M. et Mme Mitailié, Claudine, Annabelle, Mme Bassard, Fanny et Xavier et Angèle et Lucile, Cécile et Thierry, François-Joseph, Jean et Cathy, Franck, Nicole, Marion, Thomas, Chantal et Francis, Fabien, Jean-Michel, Emmanuelle et Dominique, Iris, Mika, Thierry, Dominique, Sixtine, Edouard, Pierre et Ferdinand, Marion et Jérôme, Josette et Jean-Claude, Bruno, Laurence et Patrick. Promenade jusqu'à la plage. Chacun s'est quitté en fin d'après-midi. Il y avait encore un dîner. Nous étions attendus, une vingtaine, chez François à Genêts. La salle du restaurant était rien que pour nous. Il avait fait rôtir des canettes dans la cheminée. Vin rouge, platées de frites. Il n'était pas si tard lorsque nous sommes partis. Epuisés et heureux. Nous avons embrassé Marcus et Camille qui partaient de très bonne heure le matin. Retour vers le Mexique. Tout ce long voyage pour une si petite fille dont je suis l'oncle aujourd'hui. Et ça ne fait pas rien.