Journée à Lille. Rencontres avec des journalistes, signature au Furet du Nord. Je suis arrivé à midi pile sous une vraie drache. J'ai dû attendre à l'abri que cela se calme pour patauger jusqu'à la place de la Déesse. J'aime Lillle parce que beaucoup de mes émotions s'y entassent, s'y rassemblent. Les souvenirs y font des strates que mon enfance traverse. Lors de mes vacances d'été à Roubaix, on m'emmenait peu ici. Mais à chaque fois, quelles sorties... Ma mère et moi prenions tôt le Mongy, place de la Liberté. Trajet en cliquetis électriques le long du Nouveau-Boulevard bordé de grandes propriétes, de hauts arbres, de verdure. A peine arrivés, nous commencions la visite. La bourse, le palais Rihour, l'hospice Comtesse, les Beaux-Arts où j'ai vu mes premiers Goya. Les jeunes et Les vieilles. Je ne suis pas revenu dans ce musée depuis une éternité. Je garde en mémoire une toile dont je ne saurai dire qui l'a peinte. c'est un paysage de campagne mangé de ciel avec un grand champ mûr bordant un chemin crayeux. Il y a un personnage de dos, déjà loin, qui tient en laisse un chien. Peinture XVIIe, XVIIIe? J'étais fasciné, enfant, par ce tableau. Sans doute voyais-je là mon décor de Senlis et l'orée vers Halatte. Je confonds les deux, en tout cas, à présent. Je suis allé déjeuner dans la rue Le Pelletier. Un potjevlech et un verre de bière brune. J'ai enchaîné quelques rendez-vous. Une vingtaine de personnes m'attendait au Furet à 17h00. Michel Paquot animait le débat. Il y a eu pas mal d'échanges avec les gens qui étaient là. Je suis certain maintenant que l'intime se partage. J'ai dédicacé quelques livres. José, cette incroyable lectrice que je connais du festival de Chambéry 2004 et qui suit partout les auteurs qu'elle aime était venue en voisine de Neuville-en Ferrain. Il y avait aussi Tanguy qui s'était arraché à son travail pour l'occasion. Je suis rentré nuit tombée sous une petite pluie fine. J'ai attrapé le train de justesse. Gare du Nord, Amélie m'avait fait la surprise. Elle m'attendait au bout du quai.