Le train de 10h30 est encore parti avec du retard. Cette fois-ci, c’était les feux de la motrice qui ne fonctionnaient plus. Tout le monde se tassait sur le quai de départ. Les employés de la gare étaient simplement odieux. J’allais dire, question d’habitude. Fichue ligne Paris-Granville. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas… Marianne faisait le voyage avec moi. Amélie l’avait « embauchée » pour nous aider à débarrasser tout le garage. Le maçon doit y couler une chape de béton avant que nous n’en utilisions une partie pour faire une chambre. C’est qu’on s’agrandit. Nous avons fait les courses ensemble à l’arrivée. Du bar, des tourteaux, des saint-jacques, des coquillages, de grosses huîtres pied-de-cheval. Georgette m’avait réclamé au téléphone quelques commissions que nous lui avons portées avant même d’ouvrir la maison. Elle a les traits tirés de fatigue et de douleur. Ca ne va pas, ça ne va pas, ça ne va pas. Rien ne la soulage. Quand arrive Amélie ? – Ce soir, comme d’habitude. Là, le train est arrivé à l’heure. Amélie a découvert le fauteuil club refait à neuf en toile rouge, les nouveaux rideaux aux fenêtres. La tapissière avait tout installé samedi dernier. Nous avons soupé tous les trois jusque tard. La pluie battait violemment aux carreaux. Pourvu que demain la journée nous garde quelques éclaircies.