Toute la journée à ranger l'appartement. A trier les papiers. C'est sans fin. J'ai remis la main sur des photos, des lettres que j'ai enfouies dans de nouvelles cachettes. Jeter. Garder. Oublier. Nous nous sommes épuisés dans le remue-ménage. Jerôme était à Paris ce week-end. Il aidait son amie Marion à déménager. Nous les avons retrouvés dans un café de la place de la Madeleine. Marion vient de louer un grand studio rue du Faubourg-Saint-Honoré, en face de l'ambassade de Grande-Bretagne. Elle a l'air ravie. Je n'ai pas osé lui dire combien ce très chic quartier continue de me laisser une impression bizarre. Façades creuses et lambris dorés. Pour rien au monde je n'y habiterais. J'ai travaillé plus de dix ans au Service de santé mentale du huitième arrondissement. De porche en porche, de balcons en fenêtres, d'étages nobles en escaliers de service, je sais trop quelle riche gangrène pourrit derrière les façades. Et les rues, là-bas sont désertes de vie. Je ne lui ai rien dit : elle a l'air si contente. D'ailleurs, elle n'a rien à faire de cette histoire. Jérôme, lui aussi était radieux. Nous les avons laissés bras dessus, bras dessous sur le boulevard Haussmann. Nous allions à la soirée d'anniversaire (décidemment...) de Caroline dans le XXe. Beaucoup de monde chez elle. Nous sommes restés un moment à parler poésie et cuisine avec des gens que nous ne reverrons probablement jamais. Nous avons pris date avec Caroline et Jean-François pour un dîner. Un vrai.