J'ai regardé une dernière fois le découpage de mon anthologie de Jean Cayrol. J'ai lu au téléphone la préface à sa veuve, Jeanne, à Bordeaux. Je suis content que ce livre puisse paraître et surtout qu'on me l'ait confié. Pour tous les temps est un recueil que je relis sans cesse depuis le début de l'adolescence. J'avance à pas d'herbe,/ dans ce hautain remuement de rêves... J'ai découvert Cayrol grâce à Joseph Noël, mon professeur de français de troisième. C'est à Joseph que je dois tout de ce qui me concerne aujourd'hui. Il a guidé mes lectures, mon désir d'écriture. Nous nous sommes vus longtemps. Nous nous sommes vus souvent. Il habitait une petite chambre dans un très vieil immeuble du Xe arrondissement. 11 rue Sainte-Marthe. En face, au 14, il y avait les éditions Caractères. J'ai poussé la porte par hasard et par bravade un jour de 1972. Bruno Durocher a édité mes poèmes. J'avais dix-sept ans. Joseph Noël s'est noyé au printemps 1981 à Paros, une des îles Cyclades. Je crois me souvenir qu'il est enterré à Valincourt, son village natal dans les Vosges. Je ne suis jamais allé sur sa tombe. Tout se mélange étrangement dans la reconnaissance. J'ai remis les textes à Lionel Destremau chez Points. Après pas mal de contretemps, le volume devrait sortir à la rentrée de septembre 2009. Je ne sais pas du tout combien je vais toucher pour cela. Pas grand chose sans doute...

A la fac c'est pire : ils ont oublié de me payer. Il n'y a plus d'argent en caisse en ce moment à Paris III. Annie me dit qu'il faut être patient. C'était la réunion avant le premier semestre à Censier aujourd'hui. J'ai assez hâte de retrouver les étudiants. Je vais les avoir une année entière cette fois-ci.

J'ai retrouvé Amélie au Châtelet. Nous étions invités chez Jean-Claude dans son pigeonnier de la rue des Innocents. Six vrais étages de marches courtes. Sa fenêtre ouvre sur le Panthéon, au loin. Nous avons parlé de nos campagnes. Il a une maison vers L'Aigle et nous nous croisons parfois dans le train. Nous avons pesté ensemble contre les lotissements, les constructions pavillonnaires, le « mobilier urbain », les portails en plastique et les haies de thuyas. Je lui ai raconté le grand événement du week-end à Carolles. Pour la première fois depuis des dizaines et des dizaines d'années, un cambriolage a eu lieu au bourg. Des cambriolages plutôt. Les monte-en-l'air ont fracturé les portes du magasin d'antiquités de Walter, de la mairie, du syndicat d'initiative. il ont fauché de l'argent liquide. Quelques bricoles. Quand je pense au nombre de fois où nous oublions de fermer à clé.