J’ai déjeuné avec Brigitte au Perron. J’y ai pris, comme à chaque fois là-bas, une assiette de vitello tonato : de fines tranches de rôti de veau froid nappées de mayonnaise au thon et accompagnées de gros câpres. Cela peut apparaître peu gastronomique, mais c’est délicieux. Ma mère le faisait avec le thon simplement manié à l’huile d’olive et abondamment poivré. Elle tenait la recette des Italiens chez qui elle logeait à Tunis au début des années cinquante. De beaux souvenirs pour elle, je crois. Elle débordait d’anecdotes riantes. Revenait sans cesse celle où le père de famille affamait la tablée en se servant le premier de spaghettis . Rien qu’une fourchetée, disait-il. Et dans un miracle d’équilibre, il emportait la moitié du plat. Brigitte et moi avons parlé d’Akli Tadjer . Il vient de publier Il était une fois, peut-être pas chez Lattès. Une belle histoire entre père et fille. Ce doit être son cinquième ou sixième roman. Je ressens vraiment beaucoup d’affection pour son écriture. Pour sa manière d’exprimer les sentiments, en vérité pudique. Pour sa gouaille tendre. Je vais proposer à Christine un portrait dans Le Monde. Le soir, c’était le cocktail de rentrée des Inrokuptibles dans les jardins du Centre national du livre. Nous avons retrouvé Nathalie, bavardé avec une foule de gens. J’en ai profité pour remercier Jean-Marc Roberts d’être intervenu auprès du Seuil pour mon anthologie de la poésie de Jean Cayrol. Grâce à lui, après des mois de tergiversations, le projet a l’air sauvé.