Mon petit ordinateur portable vient de rendre l'âme. L'écran a hoqueté une ou deux fois dans le train du retour à Paris avant de s'éteindre définitivement. Hier, j'avais eu la présence d'esprit de sauvegarder mon manuscrit. J'espère pouvoir récupérer le reste. J'ai peur qu'il faille en acheter un nouveau. Je suis bien embêté. Financièrement déjà, car je ne vois pas où je vais trouver les sous, mais je me découvre aussi envahi d'une espèce de sentimentalisme. D'attachement un peu bête. Objets inanimés, etc... N'empêche, c'est sur ce clavier que j'ai tapé la plupart de mes textes. Je l'ai trimballé partout. J'ai du mal, vraiment, avec les séparations. J'ai retrouvé Marie à son nouvel appartement. Elle habite au troisième étage, au fond d'une cour pavée, toute fleurie de fuschias et de roses. Une grande vigne vierge envahit la façade. Je crois qu'elle mesure sa chance. Le deux-pièces fait un peu vétuste, enfin pas entretenu, mais il est chaleureux. Je m'y suis senti bien tout de suite, m'a-t-elle dit. Nous sommes allés faire des courses dans un magasin de bricolage. Je lui ai arrangé des étagères dans sa minuscule cuisine. On s'y cogne partout. Je vais réfléchir à quelques solutions. Amélie est venue nous rejoindre avec une bouteille de champagne et nous avons trinqué à son aménagement. Dîner tous les trois ensuite dans un bar à vins d'une petite rue de l'arrondissement. Dans quelques jours, elle aura vingt-quatre ans.