Noëlle et Pierre sont venus dîner à la maison. Nous devions nous retrouver à six avec je ne sais quels de leurs cousins. Finalement, ces derniers ont décommandé. Honnêtement, ça ne m'a pas vraiment navré. Nous avons passé une soirée en petites touches et en associations. Pierre et Marie se remémoraient leurs souvenirs de collège et de club de plage. Sans nostalgie. Juste avec cette tendresse qui reste, malgré les années passées. Noëlle et moi avons parlé peinture et composition. Elle nous a laissé en prêt, la semaine dernière, un panneau d’aquarelle de son grand-père, Jacques Simon, qui représente une scène de famille. Sa grand-mère coud. A sa gauche, Gaby, la tante de Noëlle, cheveux au carré des années trente, lit, attentive, appliquée. En bas, sa mère, toute petite fille blonde, joue avec sa sœur jumelle. Il émane de l'ensemble un inachevé triste. On attend, en suspens, ce qui va se passer. On croit entendre au loin, le vacarme d'un monde qui s'effondre. C'est la douceur arrêtée dans les pressentiments. Nous avons installé le tableau sur la commode. Il commence, en si peu de temps, à faire à ce point partie de notre décor que j’appréhende déjà le moment où il faudra lui rendre.

J’ai peu travaillé aujourd’hui. Je suis resté à tourner rond mes rêveries et mes vagabondages. Pochetron ou Diogène... Le petit poisson est mort dans la nuit