Annabelle est venue nous rendre visite en fin d’après midi. Elle était flanquée de son petit frère et de ses deux cousines, Lucile et Angèle. Nous leur avons servi des sodas au jardin. Annabelle devait avoir six ou sept ans quand nous avons fait connaissance tous les deux un été à Carolles. Thierry, son père était tout seul pour deux semaines avec ses trois enfants. Il y avait en plus la fille de Mathias, Amandine, qui avait à peu près le même âge. Je me suis occupé chaque jour des deux gamines. Les baignades et les eskimos. Le jeu des sept familles et les gâteaux du goûter. J’en garde un souvenir vraiment heureux. Marie était adolescente. Je retrouvais là, différentes, contrastées, des émotions de son enfance à elle. Tout s'est ainsi lié. C’est venu comme ça. Je me suis tout doucement attaché à Annabelle. On s’est écrit de loin en loin, fidèlement. J’attendais ses lettres, ses dessins. Je la revoyais l’été. Je ne suis pas très famille. J’éviterai même plutôt. Mais cette petite-petite-cousine m’a fait renouer avec un sentiment appartenance. Je lui en sais gré. Infiniment. Je lui ai dédié le 16 rue d’Avelghem, car je me suis aperçu, une fois le livre achevé, que je l’avais écrit un peu à cause d’elle. Un peu grâce à elle. Après, bien sûr, c’est tout ce qu’on s’invente. Ce n’est pas mal non plus. Faire des nattes au temps. Maintenant Annabelle a quinze ans. Elle revient d’un séjour linguistique en Angleterre. Et elle est passée pour dire qu’elle était amoureuse.