J'ai travaillé la journée entière chez Buchet sur ce prochain volume de « Domaine Public » dont je ne vois toujours pas la fin. Il y a comme une malédiction. Une partie des fichiers a sauté. Toute la chronologie et la bibliographie sont à refaire. Je m'y remets la semaine prochaine. C'était la première journée du Marché de la poésie, place Saint-Sulpice. Le ciel était gris d'avant pluie. Peu de monde. Tout faisait un peu triste. Je suis passé embrasser Jeannine sur son stand de la Fondation Maurice Carême. Petite souris grise. Elle a maintenant quatre-vingt-deux ou quatre-vingt-trois ans. Je l'avais rencontrée en 1999 pour le supplément belge de Point de Vue. Il s'était passé quelque chose d'immédiat et d'assez troublant. Nous avions parlé longtemps, longtemps. Elle m'avait raconté, presque au jour le jour, son aventure amoureuse avec Maurice. Elle l'avait rencontré quand elle avait seize ans... Les voyages, les poèmes. Elle avait sorti les albums de photos et les lettres. Carême avait beau être mort en 1978, il était là pourtant, incroyablement présent. Je n'avais pas du tout envie de quitter le salon de cette petite maison blanche d'Anderlecht. Au jardin, j'avais chipé deux brins de sedum sur la rocaille. Ils couvrent plus d'un mètre à Carolles aujourd'hui. Essaye de repasser avec Amélie, sinon embrasse-la pour moi. Et elle a ajouté comme à chaque fois : Ca ne te coûtera pas beaucoup! J'ai filé. J'ai bavardé un moment, au Castor Astral, avec Bénédicte. On se voit pas souvent. Cette fois-ci, c'est promis, nous déjeunons à la rentrée.

J’avais réservé au soir une table chez Moissonnier pour fêter l’embauche de Marie. Nous avons trinqué à son avenir tout neuf avec du mâcon frais.