Nous rentrons de Nantes. Le but premier de ce périple était d'aller chez Ikea (c'est le seul dans la région...) afin acheter d'absolues indispensables bricoles pour la maison. La vraie raison consistait surtout à rendre visite à Sixtine et Edouard qui se sont installés là-bas depuis un an et demi. J'avais fait leur connaissance à cette époque. Ils reprenaient leur train à Montparnasse après je ne sais quel voyage. Nous étions allés dîner aux abords de la gare dans un très très mauvais restaurant et cela n'avait eu pourtant aucune importance. Amélie et Sixtine se connaissent depuis longtemps. Elles ont beau ne se voir que de loin en loin, elles continuent de partager une complicité qui m'étonne. Moi, mes retrouvailles tardives avec des amis d'enfance ou de jeunesse, m'ont toujours effrayé du peu que nous avions à nous dire. Quel malaise. Quelle profonde tristesse. En désespoir de cause, on s'acharne à tirer sur la corde usée de la nostalgie. Il ne vient pas grand chose... Sixtine et Edouard habitent une maison des années cinquante, toute en étages, plongeant sur un minuscule jardin moussu. Ils ont trois petits garçons. Pierre, 7 ans, Ferdinand, 5 ans et Victor, un an. Le cadet est rêveur, faussement hardi, on le sent le coeur bousculé d'affection. J'avais en commun avec lui, enfant, cette passion profonde pour les bonbons qui ne se réduit pas à de la gourmandise. C'est se raconter des histoires la bouche pleine. Ca ne s'explique pas : ça se reconnaît. A table nous avons parlé catholicisme et bord de mer, justice immanente et foires aux vins. Sans effort, d'un verre de chateau gloria l'autre, nous avons étiré le déjeuner jusqu'à cinq heures.